Pourquoi préférer LaTeX à un traitement de texte WYSIWYG

[Ceci est un extrait d’un article paru en 2012 sur le site  https://open-freax.fr/]

Cet article tente d’expliquer les différence entre un traitement de texte comme Word et un éditeur de texte comme LaTeX

Traitement de texte vs. éditeur de texte

Un éditeur de texte est un logiciel qui va vous servir à entrer votre texte « dans » votre ordinateur, et à le sauvegarder. Notez que cette sauvegarde est dans un format « brut », c’est-à-dire sans mise en forme : ici, pas de fioritures, de soulignement, d’italique… rien que les caractères basiques. Votre fichier pourra être ouvert par n’importe quel éditeur, et sur toutes les plate-forme (se votre tablette  à un supercalculateur).

Un traitement de texte, comme son nom l’indique, intègre un éditeur auquel s’ajoutent des fonctions de traitement. Là, vous pourrez tripatouiller le texte pour le mettre en gras, le barrer si vous le voulez, changer sa couleur… Toute cette mise en forme devra être enregistrée avec le texte, par le biais d’ « instructions » propres à l’unité de traitement de texte. Du coup, pour ouvrir le document ainsi créé, vous devrez soit utiliser le même logiciel que celui qui a servi à sa création, soit utiliser un autre logiciel disposant du filtre de conversion adéquat. Ce qui n’est pas toujours évident (cf. mon article sur les formats ouverts/fermés). Ceci dit, un avantage des logiciels de traitement de texte est qu’ils sont le plus souvent « WYSIWYG » (What You See Is What You Get, vous obtenez ce que vous voyez) : le texte entré est traité suffisamment rapidement pour vous donner un aperçu presque fiable de ce que vous obtiendrez une fois la feuille sortie de l’imprimante.

Point de WYSIWYG avec les « simples » éditeurs de texte. Mais vous pouvez tout de même annoter votre texte brut à l’aide de balises. Ainsi, en LaTeX, mettre une phrase en gras donnera :

1\bfseries{Ce texte est en gras,} pas celui là.

Une fois le fichier texte passé par la moulinette de TeX, l’unité de composition, on obtient la mise en forme demandée sur le document PDF. Hé oui, pas plus méchant que ça. Pour l’utilisateur, du moins. On continue.

Le WYSIWYG, c’est pas bien.

C’est (relativement) simple. Quand vous avez un texte à taper, qu’est-ce qui est le plus important pour vous ? Le sens et l’articulation de votre document, ou l’apparence visuelle de ce dernier ?

La réponse va sans dire : le sens. Dans le cas contraire, il y a fort à parier que le reste de l’article va vous contrarier, et il est surtout certain que vous avez raté un truc à l’école.

En rédigeant un document dans un simple éditeur de texte ASCII, vous vous concentrez sur le contenu, sur les mots à utiliser, sur le sens que vous voulez que votre document véhicule. C’est ce qu’on appelle le « WYSIWYM » (What You See Is What You Mean, ce que vous voyez est ce que vous voulez dire).

Voyons maintenant quelques inconvénients reconnus des traitements de texte WYSIWYG :

  • impossible de se concentrer sur le texte lui-même. Combien de fois votre souris a envie de se promener sur les styles, les boutons, la mise-en-forme… qui doit être séparée de la phase de rédaction elle-même ?
  • on n’articule pas un rapport comme on enfile une chaussette. Et avec un traitement de texte, on a quand même tôt fait de zapper l’articulation logique pour s’occuper de problèmes superficiels, comme la typographie.
  • le WYSIWIG est « temps réel ». Cela n’est possible qu’au mépris des règles typographiques. Ainsi, le rendu sera d’une qualité moindre qu’un même document brut passé par un processeur de texte. Et quand je dis « moindre », je veux que vous compreniez « inférieure et de très loin ».

Vous voyez peut-être un peu mieux où je veux en venir. Ce n’est pas la mise en page qui rend le texte intéressant. C’est le contenu. Et à ce moment-là, ça donne envie à un éditeur de le publier. Maupassant ne bricolait pas sa mise en page. Il fournissait un document annoté, et c’est l’éditeur qui faisait le reste.

Aujourd’hui, c’est à nous de tout faire nous-mêmes. Et c’est là que LaTeX entrent en jeu.

LaTeX

LaTeX, c’est un ensemble de macros (des raccourcis si vous voulez, comme \section{} qui va appeler plusieurs commandes afin de mettre votre titre en gras, de le numéroter… choses que vous feriez séparément avec un traitement de texte !).

Ce logiciel est gratuits, libres (ou presque : licence LPPL), et disponible pour la plupart des plates-formes (donc aussi bien MS Windows que Linux, en passant par Mac OS). Aucune excuse donc pour ne pas l’utiliser !

La puissance de LaTeX

Une fois que vous avez tapé votre texte et ajouté des balises (et certains logiciels vous permettent de pas avoir à les apprendre, hein), vous pouvez modifier uniformément le rendu final, en chargeant des « packages ». Exemple : le package babel permet à TeX d’adapter une partie de la mise en forme à la langue de votre document.

Ainsi, un petit :

1
\usepackage[francais]{babel}

vous permet tout simplement d’avoir le bon espacement entre les signes de ponctuation, comme en français, car vous savez qu’en anglais par exemple c’est différent. On ne peut pas en dire autant de MS Word, qui est capable de changer de langue à chaque nouveau paragraphe sans raison valable.

De même, il existe des « classes » de document, avec une mise en page associée toute prête, bien que personnalisable à outrance. Citons « article », « report », « letter », « moderncv »… Et oui, un document de type « letter » auquel on ajoute la ligne précédente avec babel va miraculeusement changer sa forme pour adopter notre standard français bien d’chez nous.

Et bien sûr, vous pouvez changer le type de document sans avoir à toucher au texte lui-même. LaTeX adaptera la mise en page comme un grand, en se servant des balises. Si ça c’est pas de la puissance et du temps de gagné…

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