La généralisation de la surveillance par IA en France : une promesse brisée ?
En France, la surveillance par intelligence artificielle (IA) est au cœur d’un débat brûlant. Initialement introduite à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris 2024, cette technologie de vidéosurveillance algorithmique devait être temporaire. Toutefois, Le Premier ministre Michel Barnier, lors de sa déclaration de politique générale, il a exprimé son intention de généraliser la vidéosurveillance algorithmique, provoquant l’indignation de certains acteurs politiques et d’organisations de défense des libertés individuelles.
L’extension de la vidéosurveillance algorithmique
La vidéosurveillance algorithmique a été testée en France à l’occasion de grands événements tels que les Jeux Olympiques et la Coupe du monde de rugby 2023. Ces caméras intelligentes, équipées d’algorithmes capables de détecter des comportements suspects, comme des mouvements de foule, des objets abandonnés ou encore des intrusions, ont été largement utilisées dans des zones à forte affluence. (Toms Guide).
Les critiques et enjeux de la surveillance de masse
Le déploiement généralisé de cette technologie fait l’objet de nombreuses critiques, notamment de la part d’ONG comme Amnesty International, qui dénonce une atteinte disproportionnée aux libertés fondamentales. Selon ces organisations, la surveillance par IA pourrait ouvrir la voie à un contrôle de masse, comparable à celui observé dans des régimes autoritaires comme en Chine, où la population ouïghoure est constamment surveillée par des caméras intelligentes
Les détracteurs de ce système soulignent également le risque de dérives potentielles, notamment en l’absence d’un cadre réglementaire strict. En effet, la question de la reconnaissance faciale reste floue. Bien que le gouvernement assure que cette technologie ne sera pas intégrée aux caméras algorithmiques, rien ne garantit qu’elle ne sera pas introduite à l’avenir, ce qui accentue les craintes de surveillance excessive.
Sécurité versus libertés : un dilemme complexe
D’un autre côté, les défenseurs de la vidéosurveillance par IA mettent en avant son efficacité pour prévenir les actes terroristes et améliorer la sécurité publique. Certains cas emblématiques, comme l’attentat de Nice en 2016 ou le chaos lors de la finale de la Ligue des Champions en 2022, sont souvent cités comme des exemples où une surveillance algorithmique aurait pu empêcher de telles tragédies.
Le gouvernement français se retrouve donc face à un dilemme : renforcer la sécurité au risque de porter atteinte aux libertés individuelles ou préserver ces dernières au détriment d’une protection optimale contre les menaces actuelles. Le cadre juridique de cette surveillance de masse reste néanmoins à définir, avec l’adoption en 2024 d’un nouveau règlement européen sur l’IA qui visera à encadrer de manière stricte les technologies à haut risque.
Les alternatives à la surveillance algorithmique
Pour répondre à ce dilemme, plusieurs alternatives existent. Parmi elles, le renforcement des méthodes de surveillance traditionnelles, moins invasives, comme l’augmentation des effectifs policiers ou encore une meilleure coordination entre les services de renseignement. Ces solutions, bien que plus coûteuses et nécessitant un temps d’adaptation plus long, permettent de respecter davantage les droits des citoyens.
Il existe également des pistes d’optimisation des technologies utilisées dans le cadre de la vidéosurveillance par IA. L’une des solutions serait de limiter strictement les cas d’usage, par exemple en définissant précisément les événements pouvant déclencher une alarme, sans stocker d’images ou de données personnelles de manière continue. Cela pourrait permettre un compromis entre sécurité et respect des libertés.
Conclusion
La généralisation de la surveillance par IA en France ouvre un débat profond sur l’équilibre entre la sécurité et les libertés individuelles. Si le gouvernement plaide pour l’efficacité de ces dispositifs dans la lutte contre le terrorisme et les actes de violence, leurs opposants redoutent une surveillance de masse incontrôlable. Les prochaines années seront décisives pour établir un cadre législatif garantissant la protection des droits fondamentaux tout en assurant une sécurité optimale.