Inquiétudes croissantes sur la cyberdéfense en France
le ‘père d’Internet’ tire la sonnette d’alarme
“La nouvelle loi de programmation militaire française suscite des préoccupations majeures concernant la liberté d’expression et la sécurité d’Internet”
Le projet de loi de programmation militaire en France, actuellement en cours d’examen par les élus, a suscité une vive inquiétude parmi les experts en technologie et en cybersécurité. Cette loi contient un volet cyber qui confère des pouvoirs significatifs à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (Anssi), notamment la capacité de filtrer et de bloquer l’accès à certaines parties d’Internet en cas de risque pour la sécurité nationale.
Une lettre ouverte, publiée sur Medium le 25 juin, a attiré l’attention sur cette question. La lettre, signée par douze experts de renom dans le domaine de l’Internet, dont Vinton Cerf, souvent considéré comme l’un des “pères de l’Internet”, exprime de sérieuses préoccupations concernant trois articles spécifiques de la loi.
Ces articles visent à donner à l’Anssi le pouvoir de filtrer les noms de domaine (DNS) en cas de menaces à la sécurité nationale, d’obliger les éditeurs de logiciels à informer l’Anssi et leurs clients français en cas d’incident informatique ou de vulnérabilité critique, et de renforcer les capacités de détection des cyberattaques et d’information des victimes.
Les signataires de la lettre craignent que ces nouvelles prérogatives n’entraînent des effets néfastes sur le système DNS, la navigation sur le web, la mise en place d’une surveillance sans mandat et des risques de sécurité. Ils estiment que le projet de loi “pose de graves risques pour la sécurité d’Internet et la liberté d’expression au niveau mondial”. Ils s’inquiètent également du fait que ces mesures pourraient créer un précédent pour d’autres juridictions, tant démocratiques que non démocratiques.
Il est important de noter que l’Anssi est un service rattaché au Premier ministre, via le Secrétariat général de la Défense et de la Sécurité nationale (SGDSN). Son rôle principal est d’assurer la cyberdéfense du pays et de gérer la sécurité informatique de l’État contre les menaces cybernétiques. Elle joue également un rôle dans la protection des opérateurs d’importance vitale et des services essentiels.
La lettre ouverte souligne également que le filtrage par DNS pourrait avoir des effets contreproductifs, en poussant les internautes vers des acteurs malveillants. Les signataires appellent donc à une réflexion plus approfondie sur les implications de cette loi.